A la mi-août 21, trois jours après la prise de Kaboul, lorsque nous avons déposé ce postulat urgent, nous avions conscience que le scénario du pire se préparait. Et si nous avions encore une petite lueur d’espoir que la communauté internationale réagirait, cette petite lueur s’est bien vite éteinte. Depuis le pire est devenu la réalité :

– Tous les droits humains fondamentaux sont bafoués avec une violence inouïe pour les femmes et les filles par le seul fait d’être femmes, pour les artistes, les
journalistes, les enseignant.es, les femmes fonctionnaires : plus de droit à l’expression, au travail, à la survie tout simplement … et je ne parle ici que de
quelques catégories de la population…. de nombreuses autres personnes sont menacées, notamment pour leur appartenance à un groupe ou l’autre du puzzle de population que l’on trouve dans ce pays, comme c’est le cas des Hazaras , …. ou encore menacées pour des appartenances religieuses ou l’orientation sexuelle.

– La situation suscite notre indignation et la légèreté de la réponse du Conseil municipal à notre postulat urgent ne fait qu’augmenter cette indignation.

Nous nous indignons parce que

1) la réponse à nos demandes est une fin de non-recevoir, copiée-collée sur la politique restrictive de la Confédération, politique qui consiste notamment à se
contenter de déléguer aux pays limitrophes le poids de l’accueil et qui laisse penser qu’il suffit de soutenir l’aide sur place pour faire cesser les abominations décrites plus haut. Si 16 millions sont attribués, c’est bien, mais ils ne permettront pas aux filles de  retourner à l’école ni aux femmes de travailler pour maintenir leur famille !!!! Ils ne permettront de maintenir aucun des acquis de ces 20 dernières années, ils ne permettront pas d’empêcher les massacres.

2) Autant l’aide humanitaire sur place que le subventionnement de l’accueil dans les pays limitrophes constituent une première étape dans l’aide , première étape qui permet peut-être de soulager les consciences, mais qui ne répond pas ni à notre devoir de solidarité ni à la tradition humanitaire que le CM évoque dans sa réponse. C’est cette politique de la Confédération qui doit justement être remise en cause d’un point de vue humanitaire et solidaire et c’est bien dans ce sens que nous demandons au CM d’agir.

Alors :

1) Pour quelle raison le Conseil municipal ne peut-il pas adhérer à un réseau des Villes Suisses pour signaler que la Ville de Bienne est prête à accueillir des personnes réfugiées en provenance d’Afghanistan ? Très concrètement pourquoi Bienne ne peut-elle pas adhérer à l’Alliance des villes et communes pour l’accueil des réfugié.es ? (16 villes, dont Berne, Bâle, Zürich, Lausanne et Genève, mais aussi de plus petites communes comme Delémont et Moutier

2) Pourquoi Bienne ne peut-elle pas adhérer pour faire valoir à travers ce réseau les autres demandes qui figurent dans ce postulat, notamment la question de l’activation de la facilité d’obtention des visas pour que les gens puissent rejoindre leur famille comme cela a déjà été fait, notamment lors des événements en Syrie)? ou demander la reconsidération de l’octroi des permis F ?

Enfin: Rester en dehors, ne pas être pro-actif dans toute la mesure de nos moyens, c’est ne pas vouloir tenter d’empêcher la dégradation de la situation en matière de droits humains à laquelle nous assistons malheureusement de tous côtés.

C’est aussi ne pas vouloir empêcher la clandestinité, ainsi que le jeu politique et économique sur le dos des personnes migrantes auquel nous assistons actuellement dans l’espace européen. Répondre que vous avez déjà répondu lors d’autres interventions ne va pas résoudre la situation : la situation est celle d’aujourd’hui et appelle une réponse actuelle et urgente !

Par conséquent nous rejetons la proposition du CM de radier le postulat du rôle comme étant réalisé et demandons donc son maintien – et pour réalisation rapide au vu de l’urgence de la situation.

Merci de votre attention